Le 11 mars 1882, Ernest Renan prononce en Sorbonne une conférence marquante dans l’histoire de la pensée politique : «Qu’est-ce qu’une nation ?». Il y définit la Nation à la fois comme « une âme, un principe spirituel », « un riche legs de souvenirs », et comme « le désir de vivre ensemble », « un plébiscite de tous les jours », la présentant ainsi comme un organisme vivant et mortel. Alors que deux conceptions de la Nation semblent s’être affrontées au cours des décennies précédentes, l’une française et l’autre allemande, et que la France, qui a ouvert la voie au processus de construction des États-nations, sort d’une guerre contre les Allemands, vaincue, amputée, meurtrie et en plein doute, le penseur tente une synthèse qu’il veut consensuelle.
Largement entamé au moment où Renan prend la parole, le processus d’édification des États-nations se poursuit encore par la suite, et connait un apogée au cours du XXe siècle. Cependant, la Nation est peu à peu remise en cause par la mondialisation et les constructions supranationales, comme l’Union européenne, avant d’être redécouverte à la faveur des crises nationales et internationales récentes.
À l’orée d’un XXIe siècle où l’univers des possibles est immense, mais où nul ne peut nier que la question du devenir des nations est centrale, des historiens, des philosophes, des juristes, des politistes, des géographes et des économistes ont décidé de poser, à nouveaux frais, la question affrontée par Renan : qu’est-ce qu’une nation, en Europe, hier, aujourd’hui et demain ?
Avec les contributions d’Éric Anceau, Pascal Cauchy, Hélène Dewaele Valderrabano, Jean-Pierre Doumenge, Olivier Gohin, Silvia Marton, Jacques Sapir, Pierre-André Taguieff, Henri Temple, Françoise Thom, Robert Tombs et Jean-Claude Werrebrouck.